GOUÂL

Pensée dans le prolongement du solo Pulse(s), cette nouvelle création, de groupe cette fois, confronte une danse traditionnelle du Maghreb, l’alaoui, à une écriture de facture contemporaine. Filipe LOURENÇO cherche par ce biais à en restituer l’intensité originelle par-delà les formes édulcorées qui en font aujourd’hui un folklore quelque peu commercial. Pratiquée du Nord du Maroc à l’Ouest algérien, cette danse de guerre, initialement réservée aux hommes, s’ouvre ici à la mixité.

Gouâl version plateau

L’enjeu est de déconstruire le clivage entre les deux genres, plutôt que de les renverser, comme pour mieux lever l’interdit du regard qui frappe le féminin ou celui qui les exclut de la transmission de ces traditions. Toujours marquée par la recherche de l’engagement plein et entier des corps, l’écriture chorégraphique de Filipe Lourenço n’élude donc pas la dimension critique de son propos, soutenue par une volonté forte de moderniser des pratiques ancestrales.

En solo, en duo, en trio, la communauté des danseurs enchaine les combinaisons tantôt de manière synchronisée, tantôt de manière coordonnée. La nécessité de leur cohésion est ici centrale, il s’agit en effet de fédérer une bande d’amis autour des histoires de leurs exploits guerriers, racontées tour à tour par chacun d’entre eux. Sans hiérarchie définitive, le groupe est emmené par un leader interchangeable qui dicte aux autres membres les instructions chorégraphiques à l’aide de ses mains : des comptes, des tours qui décrivent des scènes de combat et le nombre d’ennemis tués. Le fond narratif est donc toujours prétexte à annoncer la composition des cellules rythmiques, redoublées par les cris du meneur et les encouragements de ceux qui le suivent.

Pensée pour pouvoir être jouée sur des espaces scéniques et non-scéniques, la pièce prend place sur un plateau nu qui fait la parle belle à la physicalité et à la trame musicale. Continuellement présente, la musique est en effet activée sur scène par les interprètes eux mêmes, qui jouent du bendir, chantent, crient, tapent sur le sol ou sur leurs corps. Le tissage entre le son et la danse s’opère ainsi autour d’une rythmique de base, le reggada, qui se déploie et varie en suivant l’évolution dramaturgique.

Si la partition est en grande part écrite, faisant ainsi retour aux sources de la tradition, elle n’est pas pour autant figée dans ces normes, ni fermée à l’improvisation et à la spontanéité.
Les danseurs et danseuses peuvent faire appel à leur mémoire personnelle et développer en fonction de leur propre histoire une interprétation plus contemporaine de l’alaoui, moins ornementale et plus abstraite.

Le contact au sol y est privilégié, tout comme le travail des épaules, des sauts et des jambes, à l’exclusion du bassin. Avec cet alaoui revisité, Filipe Lourenço propose une nouvelle fois de chorégraphier la dépense en ouvrant les imaginaires dansés du Maghreb à un paysage collectif, assumant le parti pris d’un geste résolument inclusif.

Florian Gaité 

DISTRIBUTION

Chorégraphie
Assistante
Lumière
Régisseur lumière

Interprètes

Filipe LOURENÇO
Deborah LARY
Benjamin VAN THIEL et Arnaud GERNIERS
Loren PALMER


Sabine RIVIERE (Natacha KIERBEL)
Agathe THEVENOT
Ana Cristina VELASQUEZ
Jamil ATTAR
Khalid BENGHRIB
Kerem GELEBEK
(Youness ABOULAKOUL)

VIDÉOS

Teasers :

Version Longue au 104 – Paris / run-though 

Version Courte / Short version 
Format Frontal

Format circulaire 

juillet 24, 2020