AMAZIGH

INTENTION

Cette nouvelle création s’inscrit dans le droit fil des recherches de Filipe Lourenço, commencées en 2018 avec le solo Pulse(s), et affirmées sur les pièces de groupe Gouâl et CHEB. Sa démarche puisait dans l’identité même de Filipe Lourenço en tant que danseur : un interprète nourri d’abord par une solide formation de musicien arabo-andalou et un apprentissage des danses traditionnelles du Maghreb, puis par un parcours de danseur contemporain (Olivier Dubois, Georges Appaix, Christian Rizzo, Michèle Noiret, Boris Charmatz…).

Cette trajectoire particulière signe la spécificité de son approche, qu’il vient poursuivre aujourd’hui avec la création d’une pièce pour 5 interprètes. Dans l’optique d’en créer une ensuite sur le même motif pour 12 danseurs et 1 musicien.

Après avoir exploré une danse guerrière dite «Alaoui» dans la région du RIF avec la création GOUÂL en 2021, cette fois-ci Filipe Lourenço prend sa source dans une recherche autour d’une autre danse traditionnelle appelée Ahidous situé au Maroc Central (moyen Atlas). Cette dernière est l’une des variantes de la danse collective d’essence berbère qu’on retrouve un peu partout au Maroc et au-delà sous différentes formes et appellations. Ahidous est le moyen d’expression corporelle et poétique collectif le plus prisé par les populations du Moyen Atlas pour faire la fête, ou même, il n’y a pas si longtemps, pour chanter les morts.

L’enjeu est de déconstruire le clivage entre les deux genres, plutôt que de les renverser, comme pour mieux lever l’interdit du regard qui frappe le féminin ou celui qui les exclut de la transmission de ces traditions. Toujours marquée par la recherche de l’engagement plein et entier des corps, l’écriture chorégraphique de Filipe Lourenço n’élude donc pas la dimension critique de son propos, soutenue par une volonté forte de moderniser des pratiques ancestrales.

Pensée pour pouvoir être jouée sur des espaces scéniques et non-scéniques, la pièce prend place sur un plateau nu qui fait la parle belle à la physicalité et à la trame musicale. Continuellement présente, la musique est en effet activée sur scène par les interprètes eux-mêmes, qui chantent, crient et jouent du bendir. Le tissage entre le son et la danse s’opère ainsi autour d’une rythmique de base qui se déploie et varie en suivant l’évolution dramaturgique.

Si la partition est en grande partie écrite, faisant ainsi retour aux sources de la tradition, elle n’est pas pour autant figée dans ces normes, ni fermée à l’improvisation et à la spontanéité.

Les danseurs et danseuses peuvent faire appel à leur mémoire personnelle et développer en fonction de leur propre histoire une interprétation plus contemporaine de la danse Ahidous, moins ornementale et plus abstraite.

Le mouvement répétitif et géométrique y est privilégié, tout comme le travail du chant et du rythme. Avec cet Ahidous revisité, Filipe Lourenço propose une nouvelle fois de chorégraphier la dépense en ouvrant les imaginaires dansés du Maghreb à un paysage collectif, assumant le parti pris d’un geste résolument inclusif.

Crédit photo : Ernest Mandap

DISTRIBUTION

CHORÉGRAPHIEFILIPE LOURENÇO
ASSISTANTEDEBORAH LARY
DANSEURSKEREM GELEBEK
YOUNESS ABOULAKOUL
MITHKAL ALZGHAIR
EMA BERTAUD
ALICE LADA
RÉGIE GÉNÉRALEFRANÇOIS MICHAUDEL
RÉGIE SONJEAN PHILIPPE BORGOGNO
RÉGIE LUMIÈREEN COURS
avril 7, 2025